THE
FISHERMAN OF |
Le
Pêcheur du Suquet |
to
Lucien SÉNÉMAUD Around him, time, air, and the landscape blurred. Laid on the sand, what I saw between the spread branches of his naked legs was shuddering. The sand kept the trace of his feet, but also kept the trace of his sex moved by the warmth and unrest of the evening. Each crystal sparkled. - What's your name? - And yours? Since that night, I've loved the malicious child light, fanciful, vigorous whose approaching body makes water shiver along with the sky, the rocks, the houses the boys, the girls and the page on which I write. My patience is a medal upon your lapel. A golden dust floats all around him. Makes him distant from me. His eyes: amidst the thistles, the blackthorns and vaporous autumn dress. His hands illuminate objects. Obscuring them more. Animating them and killing them. The big toe of his left foot with the ingrown nail sometimes searches my nostril sometimes my mouth. It's enormous, but then the foot and leg could follow. You want to fish in the thawing of snows in my ponds of rings held in Ah, to plunge your naked arms in my beautiful eyes which two steel rows of black lashes protect beneath a sky of storm and high pines wet fisherman covered with blonde scales in your eyes, my wicker fingers and pale hands see the saddest fish in the world flee from the bank where I crumble my bread. Aspen. At the summit of yourself, balanced alone, your rosy heel hangs from the branches the rising sun. Aspen, your murmur shivers on my teeth. Your broken fingers comb the azure and rend the bark making you soft and fringed with snow Oh Aspen. Construct this torso wounded deep but soothed by the plume. My lips force him to blossom. When the sun illumes the heather on your beautiful calves, your slopes, I go slowly by the rocks where you spoke to me blond spahi, on your knees in the light. A serpent awakes to the voice of the dead. Beneath my burst foot partridges take flight. At sunset I will see the seekers of gold labor beneath the crazed moon. The breakers of tombs draw straws. What a shadow at your feet, your shiny shoes! Your frozen feet in my pools of tears your carmelite feet, dusty and bare splashed with sky, your blessed feet will mark my white shoulders this evening (forests that the moon fills with wolves) Oh my fisherman in the shadows of my willows executioner covered with stars and nails held up by the white arm of the jetty. On the green tree, erect -- bowing your brow (animal of love, golden tree with two heads) above its foliage -- hot beast entwined you hang by a single foot a slow waltz sounds in the azure from the harmonica, but do your eyes see an astonishing dawn from the mizen-mast? Oh naked fisherman with a subtle heart come down from the tree, fear my singing leaves. Farewell Queen of the Sky, farewell my Flower of skin, carved in my palm. Oh my silence, inhabited by a phantom your eyes, your fingers, silence. Your pallor. Silence these waves on the steps again where your foot always brings the night. A clear angelus rings beneath its arch. Farewell sun, escaping from my heart on an atrocious and nocturnal gait. Go supplely on paths of embers where treasures of night are buried beneath your feet. Peace is with you. In the nettles, the rushes the blackthorns, the forests your step sets measures of darkness. And each of your feet, each step of jasmine buries me in a porcelain tomb. You obscure the world. The treasures of this night: Ireland and its revolts muskrats fleeing in the moors, an arch of light the wine arisen from your stomach the wedding in the valley a hanged man swinging from the apple tree in bloom and finally, that region where your breeches protected by a hawthorn in bloom are approached from the heart in the throat. From all parts, pilgrims descend. They skirt your haunches where the sun sets sadly climbing the wooded slopes of your thighs where even day is dark. Through grassy moors under your unbuckled belt we arrive near him our mouths dry, our feet and shoulders beat. In its radiance, even Time is veiled with a crepe above from which the sun, the moon and the stars, your eyes can shine. Time is somber at his feet. |
à
Lucien SÉNÉMAUD Autour de lui le temps, l'air, le paysage devenaient indécis. Couché sur le sable, ce que j'en apercevais entre les branches écartées de ses jambes nues, tremblait. Le sable gardait la trace de ses pieds, mais gardait aussi la trace d'un sexe ému par la chaleur et le trouble du soir. Chaque cristau étincelait. - Comment t'appelles-tu? - Et toi? De cette nuit j'aime l'enfant malicieux, léger, fantasque et vigoureux dont le corps fait frissoner, à son approche, l'eau, le ciel, les rochers,les maisons, les garçons et les filles. Et la page sur quoi j'écris. Ma patience est une médaille à ton revers. Une poussière d'or flotte autour de lui. L'éloigne de moi. Ses yeux: parmi les chardons, les épines noires, la robe vaporeuse de l'automne. Ses mains éclairent les objets. Les obscurcissent encore. Les animent et les tuent. Le gros orte il de son pied gauche, à l'ongle incarné, quelquefois fouille ma narine, quelquefois ma bouche. Il est énorme mais le pied, puis la jambe y passeraient. Tu veux pêcher à la fonte des neiges Dans mes étangs de bagues retenus Ah dans mes beaux yeux plonger tes bras nus Que d'acier noir deux rangs de cils protègent Sous un ciel d'orage et de hauts sapins Pêcheur mouillé couvert d'écailles blondes Dans tes yeux mes doigts d'osier mes pâles mains Voient les poissons les plus tristes du monde Fuir, de la rive où j'émiette mon pain. Tremble. Au sommet de toi seul balancé Ton talon rose accroche à la ramure Le soleil levant. Tremble ton murmure Frissonne sur mes dents. Tes doigts cassés Peignent l'azur et déchirent l'écorce O tremble qui te fait doux et frangé De neige. Erige, exige ce torse Blessé profond mais de plume allégé. A s'épanouir mes lèvres le forcent. Quand le soleil allume la bruyère Lentement sur vos pentes beaux mollets Je vais par les rocs d'où tu me parlais Spahi blond à genoux dans la lumière. Un serpent s'éveille à la voix des morts. Sous mon pied crevé des perdrix s'envolent. Au couchant je verrai les chercheurs d'or Faire leur travail sous la lune folle. Les briseurs de tombeaux tirer au sort. Que d'ombre à tes pieds tes souliers vernis! Tes pieds glacés dans mes étangs de larmes Tes pieds poudrés de déchaussés de Carme Eclaboussés de ciel tes pieds bénis Marqueront ce soir mes blanches épaules (Forêts que la lune peuple de loups) O mon pêcheur à l'ombre de mes saules, Bourreau couvert d'étoiles et de clous Debout, tenu par le bras blanc du môle. A l'arbre vert dressé - ton front penché (Animal d'amour arbre d'or à deux têtes) Sur son feuillage - enlacé chaude bête Par un seul pied tu restes accroché, Sonne dans l'azur une valse lente A l'harmonica mais tes yeux voient-ils Du mât de misaine une aube étonnante? O pêcheur nu de l'arbre au cœur subtil Descends, descends, crains mes feuilles qui chantent. Adieu Reine du Ciel, adieu ma Fleur De peau découpée dans ma paume. O mon silence habité d'un fantôme, Tes yeux, tes doigts, silence. Ta pâleur. Silence encor ces vagues sur les marches Où chaque fois ton pied pose la nuit. Un angélus clair tinte sous son arche. Adieu soleil qui de mon cœur s'enfuit Sur une atroce et nocturne démarche. Enfouis sous vos pieds les trésors de la nuit Sur des chemins de braise allez en souplesse. La paix est avec vous. Dans les orties, les ajoncs, les prunelliers, les forêts, votre pas Dépose des mesures de ténèbres. Et chacun de vos pieds, chaque pas de jasmin M'ensevelit dans une tombe de porcelaine. Vous obscurcissez le monde. Les trésors de cette nuit: l'Irlande et ses révoltes, les rats musqués fuyant dans les landes, une arche de lumière, le vin remonté de ton estomac, la noce dans la vallée, au pommier en fleur un pendu qui se balance, enfin cette région que l'on aborde de cœur dans la gorge, dans ta culotte protégée d'une aubépine en fleur. De toutes parts les pèlerins descendent. Ils contournent tes hanches où le soleil se couche, Gravissent avec peine les pentes boisées de tes cuisses Où même le jour il fait nuit. Par d'herbeuses landes, sous ta ceinture Débouclée nous arrivons la gorge sèche L'épaule et les pieds las, auprès de Lui. Dans son rayonnement le Temps même est voilé d'un crêpe au-dessus duquel le soleil, la lune, et les étoiles, vos yeux, vos pleurs brillent peut-être. Le Temps est sombre à son pied. |